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les peuples imbus du prétexte de la Religion, et solicitez assiduellement par les menées, artifices et présens d’Hespagne. Fut d’avis monsieur du Plessis que M. de Villeroy vist S. M. pour luy tenir les mesmes propos, ce qui fut faict une nuit à Gisors, présens seulement monsieur le duc de Bouillon et monsieur du Plessis, dont S. M. receut grand contentement ; et luy protesta fort le dit sieur de Villeroy que, pour éviter les indiscrétions passées, il ne vouloit de là en avant, (et luy estoit ainsy commandé) traicter qu’avec monsieur du Plessis, ce que S. M. eut très agréable ; et d’abondant fut conclu, qu’attendant la tenue de l’assemblée, pour assoupir tous les bruitz de paix qui ne servoient qu’à aiguiser les artifices d’Hespagne, monsieur du Plessis et luy se sépareroient pour un temps chacun chés soy, dès que les dépesches qu’il falloit faire en divers lieux seroient résolues.

Sa Majesté, ayant parlé à M. de Villeroy, jugea bien de son affection et de l’intention du duc de Maine, et est à noter aussy qu’évidemment ilz n’estoient pas bien, ne le chef, ny l’instrument avec le duc de Parme ; mais monsieur du Plessis fut bien ayse que S. M. parlast au sr de Villeroy, pour estre assurée par son propre jugement et pour sa descharge, parce que les autres, pour les choses passées, jugeoient tout autrement du dit sr Villeroy et par conséquent de toute la négotiation. Ausquelz monsieur du Plessis respondoit ordinairement en deux motz qu’il voioit que chacun crioit après la paix, et ne pensoit point moïen d’y parvenir qu’en la traictant.

Ceste négotiation se fit durant les mois d’avril, may et juing, pendant lesquelz, en ces allées et ve-