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DE MADAME DE MORNAY.

luy de Sa Majesté l’entretenement des ministres en France sur les deniers de l’espargne[1], en conséquence et imitation de ce que monsieur du Plessis en avoir faict par la tresve pour les provinces de Guienne, Languedoc et Dauphiné ; sur quoy furent baillés aux secrétaires d’Estat, chacun selon son département, roolles des ministres de chacune Province, certifiés par monsieur du Plessis, et sur iceux rooles délivrées les ordonnances sur l’espargne, chose qui, par tous les Editz précédens, n’avoit esté obtenue ny mesme tentée.

Remonstra à Sa Majesté le scandale que chacun prenoit de voir le filz[2] de feu monseigneur le Prince de Condé non encor baptisé, et qu’il estoit mal seant d’estre plus tost Prince que chrestien ; s’il craignoit que le baptesme qui s’en feroit par son commandement n’offensast les Princes de la maison de Bourbon, comme sy par là il le déclaroit légitime, et que cela nuist à ses affaires, qu’au moins en contentant les hommes il n’irritast point Dieu et ne scandalizast les peuples par un mespris du sacrement ; sur ce fut approuvé par Sa Majesté l’expédient qu’il proposa, à scavoir que madame la Princesse sa mère le fist baptiser doucement et sans cérémonie, comme estant malade et craignant qu’il n’en advint inconvénient. Ce que messieurs de Bouillon et de la Trimouille[3]

  1. En dépit des deux manuscrits et du bon sens, l’édition de M. Auguis fait entretenir les ministres protestans sur les deniers de l’Espaigne au lieu de l’espargne.
  2. Henri II de Bourbon, né à St-Jean-d’Angély, en 1588, six mois après la mort de son père.
  3. Monsieur de la Trémoille était frère de la princesse de Condé.