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ou glaive ? Certes rien, car ne mort ne vie, ny anges ny principautez, ny choses présentes, ny choses à venir, ny hauteur ny profondeur, ne nous pourra séparer de luy. »

Or, particulièrement nous sommes ingrats si nous ne reconnaissons cela en la conduite de nostre famille, si nous ne l’avons assiduellement devant nos yeux, si mesmes, pour les obliger tant plus à la crainte de Dieu, nous n’en laissons la mémoire à nos enfans ; outre que la souvenance du passé, quand nous nous le rendons présent par une assiduelle méditation de la providence de Dieu sur nostre vie, nous ayde de beaucoup à surmonter les difficultés qui s’y peuvent présenter cy après, pour nous y donner repos et consolation à l’advenir, car de combien de dangers Dieu nous a il retirés, où il n’y avait selon les hommes aucun espoir de vie, et en quel opprobre nous sommes-nous veuz, et, au milieu de tout, Dieu nous a fait reluyre, et n’a point voulu qu’ayons été confus ; et en quelles anxiétés, en quelles nécessités nous sommes-nous trouvés, esquelles touteffois il nous a fait abonder contre toute raison ? Et tout cela, loué en soit il, pour la confession de la pure religion, en laquelle prions le de nous faire la grâce de persévérer, comme pour icelle il nous a fait cest honneur de souffrir.

Or, avons-nous à espérer, comme il est Dieu de nous, qu’il le sera aussy de nos enfans, car sa promesse y est ; mais comme il les saura bien conduire au but de leur élection par sa miséricorde, ne faut pas que, de nostre part, nous laissions de les acheminer par le soin paternel de leur instruction, les