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ne le trouviés à la rencontre, qu’en poursuivant son honneur vous n’en trouviez pour vous, plus que le monde ne vous en scauroit ny donner ny promettre. Mais appréhendés aussy ses jugemens, sy vous le négligés, sy vous possédés ses grâces en ingratitude, car miséricorde mesprizée retourne en condemnation, et plus les grâces sont spéciales, plus le mespris ou l’abus en seroit punissable. Vous estes jeune, mon Filz, et diverses fantaisies se présentent à le jeunesse ; mais souvenez vous tous jours du dire du Psalmiste : « En quoy adressera le jeune homme sa voye ? Certes, en se conduisant selon ta parole, Seigneur. » Et n’aurés aussi faute de personnes qui vous en voudront destourner ou à gauche ou à droicte, mais dites encore avec luy mesmes : « Je fréquenteray ceux seulement qui observent tes loix ; tes loix, Seigneur, seront les gens de mon Conseil. » Mais, afin encor que vous n’y ayés point faute de guide, en voicy un que je vous baille par la main, et de ma propre main, pour vous accompagner, c’est l’exemple de votre père, que je vous adjure d’avoir tousjours devant vos yeux[1] [pour l’imiter, duquel j’ay pris la peine de vous discourir] ce que j’ai peu connoistre de sa vie, nonobstant que notre compagnie ait esté souvent interrompue par le malheur du temps, et en telle sorte touteffois que vous y en avés assez pour connoistre les grâces que Dieu luy a faites, de quel zèle et affection il les a employés, pour espérer aussy pareille

  1. Cette phrase manque dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale, comme dans l’édition des Mémoires de Mme de Mornay, donnée par M. Auguis en tête des Mémoires et correspondance de du Plessis-Mornay (12 volumes in-8. Paris, 1824).