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Ceux de la Ligue avoient pris leur prétexte, partie sur le bien pulicq et partie sur la Religion, et en avoient semé leurs escritz ; sur lesquelz prit subject M. du Plessis de faire une remonstrance aux François qui ne fut sans fruict ; mais comme il fut apparent que tout l’orage alloit fondre sur le Roy de Navarre et ceux de la Religion, le dit seigneur Roy se résolut, par une déclaration[1], de montrer à toute l’Europe sa justice et le tort qui luy estoit faict, laquelle aussy il dressa. C’est celle où il faisoit offre au Roy, pour qu’il gardast les gages, de luy faire raison des insolences de ceux de Lorraine, ou plus tost pour espargner le pauvre peuple, de venir en duel avec eux, ou dix à dix, ou vingt à vingt, ainsy qu’il seroit advisé, en tel lieu que S. M. ordonneroit. Laquelle desclaration fut leüe en plein conseil, escrite de la main du Roy de Navarre, et envoiée à tous les Princes Chrestiens au grant honneur du dit seigneur Roy, et sans que par ceux de Lorraine et de Guise, il y ayt esté satisffaict ny respondu. M. du Plessis, lors que l’offre de ce duel fut résolue, fut commandé de mettre la main à la dite déclaration, ce qu’il ne voulut qu’à condition que l’offre d’icelle estant acceptée, quelque nombre qu’il fust convenu, qu’il seroit de la partie, et le Roy le luy accorda très-volontiers. Il seroit long à déduire les escritz qu’il fit durant ceste guerre, car il ne laissoit passer aucun subject de servir à la France, aux Eglizes et à son maistre ; et y en a plusieurs volumes entiers, et surtout la

  1. Cette déclaration fut publiée à la suite d’un grand conseil tenu par le roi de Navarre, le 10 juin 1585.