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biens, et peut-estre non inutilement, et n’ignoroit pas qu’au party qu’il tenoit le contraire de tout cela se rencontroit, mais qu’il avoit obéy à sa conscience qui luy avoit foit mespriser tout ce qu’humainement il eust recherché ; et S. M. l’en loua et le prit en bonne part.

Pendant ce voyage, le Roy de Navarre, averty qu’on luy vouloit faire un mauvais tour par les chemins, eust soin de luy dépescher un courier [exprès[1]], afin qu’il y prist garde ; et de fait, il courut grand danger entre Paris et Lyon d’une entreprise faite sur luy par ceux qui aymoient la Royne de Navarre, mais Dieu eut évidemment soin de luy. Je le vins trouver alors à Paris, où il ne séjourna qu’un jour, et bien que je fusse fort grosse, le conduis en mon coche jusques au delà d’Orléans, d’où il prit son chemin à Limoges. J’eus opinion que le travail de ce voyage sur le pavé avoit nuy à ma grossesse, comme de fait quelques temps après, avec un incroyable danger de ma vie et regret extrême de l’absence de M. du Plessis, je fus délivrée à Rouen de deux filz, que j’avois retenus quelques temps mortz[2] dedans mon ventre, de sorte que je fey mon testament, et mon principal but estoit d’y insérer ma confession de foy, remettant le surplus à la volonté de monsieur du Plessis auquel aussy j’escripvis une lettre pour luy dire à Dieu, et luy recommander nos enfans, le tout escrit de ma main et qui est encores

  1. Ce mot manque dans l’édition de M. Auguis.
  2. « Ils sont tous deux enterrez à Rouen. » Cette note maternelle, insérée dans le manuscrit de la Sorbonne, à la marge, manque dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale et dans l’édition de M. Auguis.