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de plusieurs labeurs : entre autres, je luy ay souvent ouy regretter une histoire latine par luy encommencée des troubles de France, et deux remontrances pour la paix, lesquelz il tascha par tous moïens de recouvrer du sr Wilson, secrétaire d’Angleterre, parce que peu de temps après les ditz voleurs auraient[1] esté pris et exécutez, et tous les papiers remis entre ses mains ; mais il protesta toujours qu’il ne les avoit point.

Monsieur du Plessis arriva en Flandre en l’an 78, vers la fin de jueillet, lorsque la grand’armée estrangère estoit campée à Rimenem, de laquelle peu après se départit le duc Casimir, avec quelques cornettes de Reistres, appelé à Guand par la menée d’un factieux, nommé Embise, qui troubla estrangement tout l’ordre du pays. Cest Embise manioit l’avancement de la Religion avec une extrême violence contre la pacification de Guand, jurée entre[2] les Provinces, et fut cause enfin de la désunion d’icelles. Or, M. du Plessis fut lors prié de monseigneur le Prince d’Orange et des Estatz de se pourmener par la Province de Flandres, de ville en ville, où il avoit jà acquis des amys ; ce qu’il fit tout doucement, conférant avec les plus gens de bien et plus capables de raison, et leur remonstrant que ceste méthode n’estoit propre pour édifier, ains pour destruire. Mesmes en fit un petit traicté qui encor se trouve en ses mémoyres, dont le sujet est que la Re-

  1. Auraient pour avaient ; cette forme du conditionnel au lieu de l’imparfait se rencontre très-souvent.
  2. L’édition de M. Auguis porte « contre les provinces, » contre-sens qui n’existe dans aucun des deux manuscrits.