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Estatz par escrit qui fut imprimée et très-bien receue de la plus part, par laquelle il prouvoit que toutes les belles ordonnances qui se pouvoient faire aux Estats seroient en vain sans la paix, et que la paix dépendoit de l’entretenement de l’Edit, etc. Et fut icelle imprimée avec le consentement du feu chancelier de Birague[1] s’estant endormy quand on la luy leut sur la première page qui estoit indifférente, etc., et estant assisté de quelques maistres des Requestes qui la leurent tout du long et prirent plaisir qu’elle fust imprimée parce qu’ilz désiroient la paix. Cependant elle faillit à luy couster la vie entre Blois et Chasteaudun, par la rencontre d’aucuns de la Ligue, ses voisins, qui le pressoient de fort près, sans qu’il tira à l’escart vers Ougues, village et maison d’un gentilhomme de la religion, lors estant à Blois.

Sur tous ses mouvemens, M. du Plessis fut mandé en diligence par monseigneur qui estoit à Tours qui le vouloit à bon escient alors envoyer en Angleterre ; mais appercevant son intention d’aller en court et quitter le party, il s’en démesla, prit congé de luy, déclara franchement qu’il le voyoit prendre un chemin auquel il ne pensoit pas le pouvoir servir selon son honneur et conscience. Et dès lors se résolut d’aller trouver le Roy de Navarre[2] qui le luy avoit commandé par lettres, sur la recommendation spécialle

  1. René de Birague, né à Milan en 1507, réfugié à la cour de François Ier, et devenu chancelier en remplacement du chancelier de l’Hôpital.
  2. Le Roi de Navarre avait réussi à s’échapper de la cour au commencement de 1576, sous prétexte d’une partie de chasse ; il avait aussitôt abjuré la religion catholique que Charles IX l’avait forcé de professer.