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espoir de mieux qu’il n’avoit laissé ; et estoient logés M. de Mouy et luy ensemble dans un petit village prochain. L’armée s’avança tirant vers la Marne, et en trois logis parvint à trois lieues environ du bord, logée es environs de Fismes et Bazochies entre la Marne et la rivière d’Aisne, et l’armée du Roy conduitte par M. de Guise la suivoit à grandes journées. Le soir donq qu’elle arriva ausditz lieux, M. de Fervaques, mareschal de camp de l’armée du Roy, avec cinquante chevaux, la vint reconnoistre et remettre assez près du logis ; et ayant passé la rivière d’Aisne à Pontaver en suivant l’armée contraire pas à pas, se fit une petite charge entre Roussy et Pontaver, en la prairie où M. du Plessis et M. de la Mothe Juranville combattirent et enmenèrent quelques prisonniers, desquelz ilz sceurent que M. de Guise estoit résolu de les combattre sur le passage de Marne. Le lendemain donq ils partirent de grand matin, et tirèrent pais, mais harassés de fois à autre de l’ennemy qui leur jettoit des harquebuziers à cheval à gauche et à droicte dedans les foretz pour les rendre plus lentz en leur chemin, ou leur attaquoit de légères escarmouches sur la queue pour les faire tourner visage ; et en la plus part se trouva M. du Plessis ; mesmes y eust une harquebuzade en sa cuirasse, mais qui ne faussa point. Il fut conseillé à M. de Thoré de se résoudre du tout ou à combattre ou à se retirer, et enclinoit plus à se retirer sans combat, ce qu’il pouvoit faire, à ce qu’ilz disoient, en renforçant ceux qui demeuroient à la retraicte, en sorte qu’ilz peussent soustenir les coureurs de l’ennemy sans que le gros de l’armée en arrestat son pas, et