Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/104

Cette page a été validée par deux contributeurs.

gea rien. Lesquelz articles furent ainsy envoyés à madamoyselle de Buhy, sa mère, pour les approuver et ratiffier, qui envoya à monsr de Lizi une procuration, mot pour mot ratiffiant le tout, sur laquelle nostre contrat de mariage fut dressé et passé par les notaires de Donchery, ville assise sur la Meuze en France, à une lieue de Sedan. Or, durant ces allées et venues, il se passoit du temps, et plusieurs à Sedan, voyant que M. du Plessis continuoit toujours à me venir voir, commenceoient à croire qu’il pensoit à m’espouzer ; quelques ungs aussy luy parloient d’autres mariages de filles riches et héritières, et eussent bien désiré le pouvoir destourner de moy pour le faire penser ailleurs, voyant, oultre les grâces qu’il avoit receues de Dieu et avec lesquelles il estoit né, qu’il estoit pour parvenir plus hault ; mais il ne voulut, depuis qu’il m’eut ouvert la bouche, jamais prester l’oreille à autre proposition qu’on lui fit. On lui offrit mesmes, pour sentir s’il pensoit à moy, au cas qu’il me voulust espouzer, de luy faire voir tout mon bien à la vérité, tant par mon contract de mariage que celuy des partaiges de la succession de feu monsieur de la Borde, mon père ; mais il fit responce que, quand il voudroit en estre esclarcy, il ne s’en adresseroit que à moy mesmes, et que le bien estoit la dernière chose à quoy on devoit penser en mariage ; la principale estoit les mœurs de ceux avec qui l’on avoit à passer sa vie, et surtout la craincte de Dieu et la bonne réputation.

En ce temps aussy qui fut 1575, monsieur du Plessis, à ma requeste, fit le discours de la Vie et de la Mort, avec la traduction de quelques épistres de