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différence des temps employés est donc une suite de la différence des espaces parcourus, et cela est prouvé par les révolutions de Saturne et de la lune. (Nous laissons maintenant de côté les sphères intermédiaires, afin d’éviter les répétitions.)

Saturne, dont l’orbite est la plus grande, emploie trente ans à la parcourir, et la lune, dont l’orbite est la plus petite, termine sa course en vingt-huit jours. La vitesse de chacune des autres sphères n’est de même que le rapport qui se trouve entre la grandeur du cercle qu’elle décrit et le temps qu’elle met à le décrire. Nous devons nous attendre ici aux objections de ceux qui ne veulent se rendre qu’à l’évidence. En voyant ces caractères du zodiaque sur la figure que nous avons donnée pour faciliter l’intelligence du sujet que nous traitons, qui donc a découvert, nous diront-ils, ou qui a pu imaginer dans un cercle du ciel ces douze compartiments, dont l’œil n’aperçoit pas la plus légère trace ? L’histoire se chargera de répondre à une question qui certes n’est pas déplacée ; c’est elle qui va nous instruire des tentatives pénibles et de la réussite de l’antiquité dans cette opération du partage du zodiaque.

Les siècles les plus reculés nous montrent les Égyptiens comme les premiers mortels qui aient osé entreprendre d’observer les astres et de mesurer la voûte éthérée. Favorisés dans leurs travaux par un ciel toujours pur, ils s’aperçurent que de tous les corps lumineux, le soleil, la lune et les cinq planètes étaient les seuls qui errassent dans l’espace, tandis que les autres étaient attachés au firmament. Ils remarquèrent aussi que ces corps mobiles, obéissant à des lois immuables, ne circulaient pas indistinctement dans toutes les régions du ciel ; que jamais ils ne gravissaient jusqu’au sommet de l’hémisphère boréal, et qu’ils ne descendaient jamais jusqu’aux confins de l’hémisphère austral ; mais que tous faisaient leurs révolutions autour d’un cercle obliquement situé, et qu’ils ne le dépassaient en aucun temps. Ils observèrent encore que la marche directe ou rétrograde de ces astres n’était pas respectivement isochrone, et qu’on ne les voyait pas, en un même temps, à un même point du ciel ; que tel d’entre eux se montrait quelquefois en avant, quelquefois en arrière des autres, et parfois aussi semblait stationnaire. Ces divers mouvements ayant été bien saisis, les astronomes jugèrent convenable de se partager le cercle objet de leurs études, et de distinguer chacune des sections par un nom particulier. Ils devaient aussi, chacun pour la portion qui lui serait échue, observer l’entrée, le séjour, la sortie et le retour de ces étoiles mobiles, et se faire part réciproquement de leurs observations, dont les plus intéressantes seraient transmises à la postérité.

On disposa donc deux vases de cuivre ; l’un d’eux, percé au fond comme l’est une clepsydre, était supporté par l’autre, dont la base était intacte. Le vase supérieur ayant été rempli d’eau, et l’orifice de son fond fermé pour le moment, on attendit le lever de l’une des étoiles fixes les plus remarquables par leur éclat et leur scintillation. Elle parut à peine à l’horizon, qu’on déboucha l’orifice pour que l’eau du vase supérieur pût s’écouler dans le vase inférieur. L’écoulement eut lieu pendant le reste de la nuit et pendant tout le jour suivant, jusqu’au retour de la même étoile. Aussitôt qu’elle se montra, il fut arrêté.