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pour pouvoir s’insinuer dans toutes les parties du corps ; Critolaüs le péripatéticien voit en elle la quintessence des quatre éléments ; Hipparque la compose de feu ; Anaximène, d’air ; Empédocle et Critias, de sang ; Parménide, de terre et de feu ; Xénophane, de terre et d’eau ; Boëthus, de feu et d’air ; elle est, suivant Épicure, un corps fictif composé de feu, d’air et d’éther. Tous s’accordent cependant à la regarder comme immatérielle et comme immortelle.

Discutons maintenant la valeur des deux mots constellations et étoiles, que Paulus ne différencie pas. Ce n’est cependant pas ici une seule et même chose désignée sous deux noms divers, comme glaive et épée. On nomme étoiles des corps lumineux et isolés, tels que les cinq planètes et d’autres corps errants qui tracent dans l’espace leur marche solitaire ; et l’on appelle constellations des groupes d’étoiles fixes, désignés sous des noms particuliers, comme le Bélier, le Taureau, Andromède, Persée, la Couronne, et tant d’autres êtres de formes diverses, introduits au ciel par l’antiquité. Les Grecs ont également distingué les astres des constellations ; chez eux, un astre est une étoile, et l’assemblage de plusieurs étoiles est une constellation.

Quant à la dénomination de corps sphériques et arrondis qu’emploie le père de Scipion en parlant des étoiles, elle appartient aussi bien aux corps lumineux faisant partie des constellations, qu’à ceux qui sont isolés ; car ces corps, qui diffèrent entre eux de grandeur, ont tous la même forme. Ces deux qualifications désignent une sphère solide qui n’est sphérique que parce qu’elle est ronde, et qui ne doit sa rondeur qu’à sa sphéricité. C’est de l’une de ces propriétés qu’elle tient sa forme, et c’est à l’autre qu’elle est redevable de sa solidité. Nous donnons donc ici le nom de sphère aux étoiles elles-mêmes, qui toutes ont la figure sphérique. On donne encore ce nom au ciel des fixes, qui est la plus grande de toutes les sphères, et aux sept orbites inférieures que parcourent les deux flambeaux célestes et les cinq corps errants. Quant aux deux mots circus et orbis (circonférence et cercle), qui ne peuvent être entendus ici que de la révolution et de l’orbite d’un astre, ils expriment deux choses différentes, et nous verrons ailleurs que Paulus les détourne de leur vrai sens ; c’est ainsi qu’au lieu de dire la circonférence du lait, ou la voie lactée, il dit le cercle lacté ; et qu’au lieu de dire neuf sphères, il dit neuf cercles, ou plutôt neuf globes. On donne aussi le nom de cercle aux lignes circulaires qui embrassent la plus grande des sphères, comme nous le verrons dans le chapitre qui suit. L’une de ces lignes circulaires est la zone de lait que le père de Scipion appelle un cercle que l’on distingue parmi les feux célestes. Cette manière de rendre les deux mots orbis et circus serait tout à fait déplacée dans ce chapitre. Le premier signifie le chemin que fait un astre pour revenir au même point d’où il était parti ; et le second, la ligne circulaire que décrit dans les cieux cet astre par son mouvement propre, et qu’il ne dépasse jamais.

Les anciens ont donné aux planètes le nom de corps errants, parce qu’elles sont entraînées par un mouvement particulier d’occident en orient, en sens contraire du cercle que parcourt la sphère des fixes. Elles ont toutes une vitesse égale, un