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Elle fuit en courroux vers le séjour des ombres.</poem>

Et même alors ce n’est pas sans peine qu’elle quitte son enveloppe :

……………………… Du vice invétéré Elle conserve encor l’empreinte ineffaçable.

Elle erre autour de son cadavre, ou cherche un nouveau domicile : que ce soit un corps humain ou celui d’une bête, peu lui importe, son choix est pour celui dont les inclinations se rapprochent davantage de celles qu’elle a contractées dans sa dernière demeure ; elle se résigne à tout souffrir plutôt que de rentrer au ciel, auquel elle a renoncé par ignorance réelle ou feinte, ou plutôt par une trahison ouverte. Mais les chefs des sociétés politiques, ainsi que les autres sages, rentrent, après leur mort, en possession du séjour céleste qu’ils habitaient par la pensée, même lorsqu’ils vivaient parmi nous.

Ce n’est point sans motif, ni par une vaine adulation, que l’antiquité admit au nombre des dieux plusieurs fondateurs de cités, et d’autres grands personnages. Ne voyons-nous pas Hésiode, auteur de la Théogonie, associer aux dieux les anciens rois, et conserver à ceux-ci leurs prérogatives, en leur donnant une part dans la direction des affaires humaines ? Pour ne pas fatiguer le lecteur de citations grecques, nous ne rapporterons pas ici les vers de ce poète ; nous nous contenterons d’en donner la traduction.

Le puissant Jupiter voulut placer aux cieux Les illustres mortels qu’admit parmi les dieux L’homme reconnaissant ; la destinée humaine Est encore à présent soumise à leur domaine.

Virgile n’ignorait pas cette ancienne tradition ; mais il convenait à son sujet que les héros habitassent les champs Élysées. Cependant il ne les exclut pas du ciel ; car, pour accorder les deux doctrines, c’est-à-dire la fiction poétique et la vérité philosophique, il crée pour eux d’autres cieux, un autre soleil et d’autres astres : comme, selon lui, ils conservent les goûts qu’ils avaient pendant leur vie mortelle :

Ils aimèrent, vivants, les coursiers et les armes ; Morts, à ces jeux guerriers ils trouvent mille charmes,

à plus forte raison les administrateurs des corps sociaux doivent-ils conserver au ciel la surveillance des choses d’ici-bas. C’est, à ce que l’on croit, dans la sphère des fixes que ces âmes sont reçues ; et cette opinion est fondée, puisque c’est de là qu’elles sont parties. L’empyrée est en effet la demeure de celles qui n’ont pas encore succombé au désir de revêtir un corps ; c’est donc là que doivent retourner celles qui s’en sont rendues dignes. Or l’entretien des deux Scipions ayant lieu dans la voie lactée, qu’embrasse la sphère aplane, rien n’est plus exact que cette expression : « Ils sont partis de ce lieu, c’est dans ce lieu qu’ils reviennent. » Mais poursuivons notre tâche.

Chap. X. Opinion des anciens théologiens sur les enfers, et ce qu’il faut entendre, selon eux, par la vie ou la mort de l’âme.

« À ce discours, moins troublé par la crainte de la mort que par l’idée de la trahison des miens, je lui demandai si lui-même, si mon père