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les dieux ne sont pas contraires. Rappelons-nous ce songe que, dans Homère, Jupiter envoie à Agamemnon pour l’engager à combattre les Troyens le lendemain, en lui promettant ouvertement la victoire. Encouragé par cet oracle, le roi engage le combat, perd un grand nombre des siens, et rentre avec peine au camp. Accuserons-nous les dieux de mensonge ? Non, certes ; mais comme il était dans les destinées que cet échec arriverait aux Grecs, les paroles du songe devaient offrir un sens caché qui, bien saisi, les eût rendus vainqueurs, ou du moins plus circonspects. Dans l’injonction qui lui était faite de rassembler toutes ses forces, Agamemnon ne vit que celle de combattre ; et, au lieu de le faire avec toutes les divisions de l’armée, il négligea celle d’Achille, qui, outré d’une injustice récente, ne prenait, ni lui ni sa troupe, aucune part aux mouvements du camp. L’issue du combat fut ce qu’elle devait être ; et le songe ne put être regardé comme mensonger, puisqu’on avait négligé une partie des indications.

Non moins parfait qu’Homère, son modèle, Virgile s’est montré aussi exact que lui dans une circonstance semblable. Énée avait reçu de l’oracle de Délos d’amples instructions sur la contrée que lui avaient assignée les destins pour y fonder un nouvel empire ; un seul mot mal compris prolongea la course errante des Troyens. Cette contrée, il est vrai, n’était pas nommée ; mais comme il leur était prescrit de retourner aux lieux de leur origine, le choix à faire entre la Crète et l’Italie, qui avaient donné naissance, la première à Teucer, et la seconde à Dardanus, tiges l’un et l’autre de la race troyenne, ce choix, dis-je, leur était indiqué par ces premiers mots de l’oracle : Vaillants fils de Dardanus ; car, en les appelant du nom de celui de leurs ancêtres qui était parti d’Italie, Apollon désignait évidemment ce pays. De même, dans le songe de Scipion, sa fin lui est nettement annoncée, et le doute émis par son aïeul, pour laisser à la prédiction ce qu’elle doit avoir d’obscur, est levé dès le commencement de ce songe par ces mots : « Lorsque, du concours de ces nombres, la nature aura formé le nombre fatal qui vous est assigné. » C’était bien lui dire que ce terme était inévitable. Si, dans la révélation qui lui est faite des autres événements de sa vie, selon l’ordre où ils auront lieu, tout est clairement exprimé, et si la seule expression équivoque est celle relative à sa mort, c’est parce que les dieux veulent nous épargner, soit des peines, soit des craintes anticipées, ou parce qu’il nous est avantageux d’ignorer le terme de notre existence ; et, dans ce cas, les oracles qui nous l’annoncent s’expriment plus obscurément que dans toute autre circonstance.

Chap. VIII. Il y a quatre genres de vertus : vertus politiques, vertus épuratoires, vertus épurées, et vertus exemplaires. De ce que la vertu constitue le bonheur, et de ce que les vertus du premier genre appartiennent aux régulateurs des sociétés politiques, il s’ensuit qu’un jour ils seront heureux.

Revenons à notre interprétation à peine commencée : «