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Pour Disaire, sans attendre qu'on lui reprochât son silence, il dit :.......

(Il y a ici une lacune dans les manuscrits.)

Après lui, Horus dit à son tour :

- Je vous apporte un distique de Platon, qu'il s'amusa à faire dans sa jeunesse, au même âge où il s'essayait à composer des tragédies.

Τὴν ψυχὴν ᾿Αγαθωνα φιλῶν ἐπὶ χείλεσιν ἔσχον

ἦλθε γὰρ ἡ τλήμων ὡς διαβησομύνη

« Quand j'embrassais Agathon, mon âme accourait sur mes lèvres, et semblait, dans son délire, vouloir s'envoler. »

Ces propos firent naître la gaieté; on passa de nouveau en revue ces traits exquis de plaisanterie antique qui venaient d'être rapportés, et on les soumit tour à tour à un examen critique.

Symmaque prenant la parole dit

- Je me souviens d'avoir lu de petits vers de Platon, dans lesquels on ne pourrait dire ce qu'il faut admirer davantage de la grâce ou de la précision : je me rappelle les avoir lus traduits en latin, avec toute la liberté qu'exige notre idiome pauvre et borné, comparativement à celui des Grecs. Voici ces vers

Dum semiulco savio

Meum puellum savior,

Dulcemque florem spiritus

Duco ex aperto tramite:

Anima aegra et saucia

Cucurrit ad labias mihi

Rictumque in oris pervium,

Et labra pueri mollia

Rimata itiner transitus

Ut transire nititur!

Tum si morae quid plusculae

Fuisset in coetu osculi,

Amoris igne percita

Transisset et me linqueret:

Et mira prosum res fieret,

Ut ad me fierem mortuus,

Ad puerum intus viverem.

« Quand je savoure un demi-baiser sur les lèvres demi-closes de mon adolescent, et que de sa bouche entr'ouverte je respire la douce fleur de son haleine, mon âme blessée et malade d'amour accourt sur mes lèvres, et s'efforce de trouver un passage entre l'ouverture de ma bouche et les douces lèvres de mon adolescent pour passer en lui. Alors, si je tenais tant soit peu plus longtemps mes lèvres attachées sur les siennes, mon âme, chassée par la flamme de l'amour, m'abandonnerait et passerait en lui; en sorte qu'il arriverait une chose vraiment merveilleuse : que j'aurais expiré, pour aller vivre dans l'adolescent. »

CHAPITRE III. Les plaisanteries de M. Tullius Cicéron.

Mais je étonne que vous ayez tous passé sous silence les plaisanteries de Cicéron, qui cependant n'excella pas moins en ce genre que dans tous les autres; je vais donc, si vous le trouvez bon, vous rapporter tous ceux de ses bons mots qui me reviendront dans la mémoire, à peu près comme l'aedituus d'un temple répète les réponses de l'oracle qui y réside. Tout le monde à ces mots redoublant d'attention, Symmaque commença ainsi :

M. Cicéron soupait chez Damasippe; celui-ci ayant servi du vin médiocre, disait : 

Bibite Falernum hoc, annorum quadraginta est: Bene, inquit, aetatem fert

« Buvez de ce Falerne, il a quarante ans. - Il porte bien son âge, » repartit Cicéron.

Une autre fois voyant Lentulus son gendre, homme d'une petite taille, ceint d'une longue épée, il dit:

Quis generum meum ad gladium alligavit?

« Qui a attaché mon gendre à cette épée? »

Il n'épargna pas non plus un trait de causticité du même genre à son frère Q. Cicéron. Ayant aperçu, dans la province que celui-ci avait gouvernée, l'image de son frère ornée d'un bouclier, et modelée comme il est d'usage dans de grandes proportions (or son frère Quintus était aussi de petite taille,) il dit :

Frater meus dimidius maior est quam totus

« La moitié de mon frère est plus grande que son tout. »