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un bon mot placé à propos. Ce mot ne se trouve point dans l'oraison de Cicéron : il m'est connu par un ouvrage de Fusius Bibaculus, où il est célébré entre tous les autres bons mots (dicteria) de Cicéron. Je n'ai point employé l'expression dicteria par hasard, je l'ai bien proférée à dessein : car c'était là le nom que nos ancêtres donnaient à ce genre de plaisanterie témoin ce même Cicéron qui, dans le second livre de ses lettres à Cornélius Népos, s'exprime de la manière suivante :

« Ainsi, quoique tout ce que nous disons soit des mots (dicta), nos ancêtres ont néanmoins voulu consacrer spécialement l'expression dicteria aux mots courts, facétieux et piquants. »

Ainsi parle Cicéron; Nonius et Pomponius appellent souvent aussi les plaisanteries du nom de dicteria. Marcus Caton le Censeur était lui-même dans l'habitude de plaisanter subtilement. L'autorité de ces hommes, quand même nous dirions des plaisanteries de notre propre fonds, nous mettrait à l'abri de tout reproche; mais lorsque nous ne faisons que rapporter les bons mots des anciens, la gravité de leurs auteurs nous sert encore de défense. Si donc vous approuvez mon idée, mettez-la à exécution : que chacun de nous recherche dans sa mémoire, pour les rapporter à son tour, les bons mots qui lui viendront dans la pensée.

- Le caractère modéré de cet amusement le fit approuver de tout le monde, et l'oninvita Praetextatus à commencer de l'autoriser par son exemple.

CHAPITRE II. Plaisanteries et bons mots de divers personnages.

Alors Praetextatus commença en ces termes

- Je veux vous rapporter le mot d'un ennemi, mais d'un ennemi vaincu, et dont le nom rappelle les triomphes des Romains. Le Carthaginois Annibal, réfugié auprès du roi Antiochus, dit une plaisanterie remplie de finesse; la voici : Antiochus lui montrait, rangées en bataille, des troupes nombreuses qu'il avait rassemblées pour faire la guerre au peuple romain; il faisait manœuvrer cette armée, dont les étendards brillaient d'or et d'argent; il faisait défiler devant lui les chariots armés de faux, les éléphants chargés de tours, la cavalerie, dont les harnais, les mors, les colliers, les caparaçons, brillaient du plus grand éclat. Enflé d'orgueil à la vue d'une armée si nombreuse et si magnifique, le roi se tourne vers Annibal, et lui dit : « Pensez-vous que tout cela soit assez pour les Romains? » Alors le Carthaginois, raillant la mollesse et la lâcheté de ces soldats si richement armés, répondit :

Plane, inquit, satis esse credo Romanis haec, etsi avarissimi sunt

« Oui, je crois que tout cela c'est assez pour les Romains, quelque avares qu'ils soient. »

Certainement on ne peut rien dire de plus spirituel et en même temps de plus mordant. Le roi, dans son interrogation, parlait du grand nombre de ses soldats et de leurs précieux équipements : la réponse d'Annibal faisait allusion au butin qu'ils allaient fournir.

Flavien dit après Praatextatus :

- Un sacrifice était usité chez les anciens, appelé proptervia c'était l'usage, s'il restait quelque chose des viandes qui y avaient été offertes, de le consumer par le feu. De là le mot suivant de Caton. Il disait d'un certain Q. Albidius qui, après avoir mangé son bien, perdit dans un incendie une maison qui lui restait, qu'il avait fait un proptervia, puisqu'il avait brûlé ce qu'il n'avait pu manger.

Symmaque :

- Servilia, mère de M. B