Page:Machiavel - Oeuvres littéraires - trad Peries - notes Louandre - ed Charpentier 1884.djvu/458

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous trouver, si vous ne voyez pour moi aucun danger. J’ai l’intime conviction que si Sa Sainteté commence une fois à se servir de moi, outre le bien que j’y trouverai, je pourrai faire honneur et me rendre utile à tous ceux qui ont de l’amitié pour moi. Je vous écris ceci, non que cette affaire me tienne fort à cœur, ni que je veuille que vous vous mettiez pour moi dans l’embarras ou la dépense, ou que vous preniez mes intérêts avec trop d’ardeur, mais uniquement pour que vous connaissiez mes intentions, et que, s’il est en votre pouvoir de me servir, vous sachiez que mon unique bonheur est de vous devoir tout, ainsi qu’à votre famille, à qui ]’avoue que je suis redevable du peu que j’ai pu sauver du naufrage.

N. Machiavel.

Florence, le 16 avril 1513.


LETTRE IV

À FRANCESCO VETTORI

 Seigneur ambassadeur,

Vous ne voulez pas que ce pauvre roi de France recouvre la Lombardie, et moi je le voudrais : il se peut, toutefois, que ces volontés opposées viennent d’un même principe, c’est-à-dire d’une affection naturelle, ou d’une passion qui nous porte, vous, à dire non, et moi, à dire oui. Pour couvrir votre non d’un prétexte honnête, vous établissez que la paix offrirait de plus grandes difficultés si le roi devait rentrer dans la Lombardie ; et moi, pour colorer mon oui, je prétends que vous êtes dans l’erreur, et qu’en faisant la paix selon mon système, elle serait plus solide et plus durable.

Abordant de nouveau les points particuliers, voici comme je réponds à votre lettre du 5. Je conviens avec vous que le roi d’Angleterre ne pourra se faire à l’idée d’être venu en France avec un si grand appareil, et d’a-