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de leur secte ; que nous, qui sommes chrétiens, nous devons tous aspirer à cette fin, qui est Jésus-Christ, et conserver son honneur par une conduite prudente, et en nous conformant aux temps ; que lorsque le temps exige que nous exposions notre vie pour lui, il ne faut pas balancer ; que lorsqu’il est nécessaire que l’homme se cache, il faut se cacher, comme on lit que le firent saint Paul et Jésus-Christ lui-même. C’est ainsi, ajouta-t-il, que nous devons nous conduire, et que nous nous sommes conduits : car, lorsqu’il a été nécessaire de nous opposera la fureur de nos adversaires, nous nous sommes précipités en avant, comme on l’a vu le jour de l’Ascension ; mais l’honneur de Dieu et les circonstances l’exigeaient ainsi. Aujourd’hui que l’honneur de Dieu veut que nous cédions aux coups de la colère, nous avons cédé. Après ce court préambule il fit des fidèles deux troupes, dont l’une, composée de ses partisans, combattait sous les ordres de Dieu ; et l’autre, commandée par le diable, offrait la réunion de tous ses adversaires. Il s’étendit longuement sur cet article, et entra enfin dans le développement des paroles de l’Exode qu’il avait prises pour texte de son discours. Il dit que, par les persécutions, les bons croissaient de deux manières, en esprit et en nombre : en esprit, parce que l’homme s’unit davantage à Dieu lorsque l’adversité l’environne, et qu’il y puise de nouvelles forces, comme s’approchant davantage de son moteur ; c’est ainsi, dit-il, que l’eau chaude, lorsqu’on la met près du feu, devient bouillante parce qu’elle se rapproche de l’agent qui excite la chaleur, ils croissent en nombre, parce qu’il existe trois espèces d’hommes : d’abord les bons, et ce sont ceux-ci qui me suivent ; puis les pervers et les obstinés, et ceux-là sont mes adversaires. Il y a encore une autre espèce d’hommes : ce sont ceux qui suivent une large voie, qui s’abandonnent aux voluptés, qui n’ont ni endurcissement dans le mal ni penchant décidé pour la vertu, parce qu’ils ne savent discerner ni l’un ni l’autre. Mais comme, dans le fait, il existe une différence réelle entre les bons et les méchants,