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LVIII INTRODUCTION

son propre fonds. Evidemment, on rencontre dans la littérature antérieure bien des développements sur En- vie, et aussi des énumérations analogues à celles du chevalier (il suffit de se rappeler celles des poèmes sur les « états du monde »). Mais le discours de la dame est trop banal, d'invention trop facile, pour que Ma- chaut ait eu besoin de recourir à des sources écrites ; et, au contraire, le discours du chevalier n'a, semble-t- il, aucun précédent. Le poète y communique ses obser- vations, ses réflexions personnelles '; c'est ce qui en fait le prix.

Mais, en d'autres parties du poème, Guillaume a uti- lisé des souvenirs d'oeuvres plus anciennes. On l'a vu, dans ses poèmes antérieurs, exploiter, parmi les genres littéraires en vogue de son temps, le roman allé- gorique, le débat amoureux, le traité moral; on le verra, pour le Dit dou Lyon, recourir à d'autres genres encore.

D'abord, on retrouve dans la trame de son Dit, des thèmes de romans d'aventures. Tel est le thème du lion devenu ami d'un héros qu'il accompagne et protège : avant Machaut, il avait été traité dans le Chevalier au lion, dans Gilles de Chin, dans la Dame a la licorne.

Tels sont encore le thème du verger merveilleux, plein d'oiseaux et de fleurs, ou règne un printemps éternel, et qui ne s'ouvre qu'à de rares élus; et le mo- tif de la barque sans rame ni voile, qui va d'elle-même au but qu'elle sait ; et la donnée du voyageur qui doit traverser un pays sauvage et inhospitalier avant de dé-

i. Pourtant, au v. 1257, on est tenté de croire que le poète renvoie à une source étrangère, quand il dit : Et sambloit, ce me dit l'acteur, Que de la boite a l'enchanteur Fussent sailli. Mais Vacteur est ici certainement le chevalier, qui est censé parler à Machaut, et de qui Machaut rapporte le discours.

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