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INTRODUCTION LXXXI


même n’y est que vaguement indiqué (xviii, 196 ss. ; xix, 193 ss.), et c’est ailleurs que notre poète a dû se renseigner. On peut songer avec G. Paris à quelque commentaire explicatif, accompagnant le texte des Héroïdes, ignoré ou perdu aujourd’hui[1] ; mais cette supposition est inutile : le commentaire bien connu des auteurs du moyen âge que Servius a joint aux œuvres de Virgile[2] donne en quelques mots le dénouement tel que le raconte Machaut[3]. Il est pour le moins très possible que Guillaume ait trouvé là toute la fin de son récit.

Il est aisé de reconnaître le procédé dont use Machaut dans l’emploi de ces « exemples», tirés de la littérature gréco-romaine. Le poète poursuit un double but : d’un côté, il y cherche des preuves et des arguments capables de démontrer la justesse de ses opinions ou de celles de ses adversaires ; de l’autre, il s’agit pour lui d’intéresser et d’instruire ses lecteurs, en leur offrant des récits amusants et inédits. Telle de ces narrations (Pyrame et Thisbé) était-elle connue de son public par des versions françaises antérieures : Guillaume se contente d’un simple renvoi. D’autres (Énée et Didon, Jason et Médée) avaient au moins partiellement été traitées en langue française avant lui : il résume ces parties en quelques lignes et ne s’étend longuement que sur la partie moins connue, celle qui en même temps importait le

  1. G. Paris, l. c., p. 489.
  2. Voy., sur Servius au moyen âge, Bédier, Le Roman de Tristan par Thomas, II, 139.
  3. Commentaires sur les Géorgiques, III, 258 « … cum … juvenis oppressi tempestate cadaver ad puellam delatum fuisset, illa se praecipiiavit e turri ». Machaut (v, 3292-3 ; fait également Héro se jeter du haut de sa tour sur le cadavre de son amant, tandis que Chrétien se sépare précisémeut ici de Guillaume et donne une version légèrement modifiée.

    Tome II f