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LXXVIII INTRODUCTION


en Colcos la toison dorée[1] ». Machaut a donc pu se contenter pour ce fait d’un court résumé de quelques vers. Par contre, il s’étend plus longuement, comme l’exigeait son sujet, sur la trahison de Jason et l’atroce vengeance de Médée que Benoît avait passées sous silence et que Jean de Meun n’avait traitées que très sommairement. C’est encore Ovide qui a fourni à Machaut tous les éléments de son récit : la xiie épître des Héroïdes (Médée à Jason) rappelle le meurtre du frère de la magicienne (v. 113-116) et de Pélie (v. 1 29-130) ; elle cite le nom de Creusa (v. 53) ; elle fait connaître l’existence des deux enfants de Jason (v. 192) et signale leur grande ressemblance avec leur père (v. 189). Le viie livre des Métamorphoses complète l’histoire : le meurtre des enfants (v. 396), l’incendie du palais (v. 395), la fuite de la magicienne à l’aide de ses dragons ailés (v. 398), ses secondes noces avec Egée, roi d’Athènes, qui est « déçu » par elle, allusion évidente au meurtre que le roi, à l’instigation de Médée, allait commettre sur la personne de Thésée, son fils inconnu (v. 402 ss. j. C’est de la combinaison de ces deux œuvres du poète latin qu’est entièrement sorti l’« exemple » de Guillaume.

Pyrame et Thisbé (v. 3171-70). L’histoire des deux amants de Babylone, telle que la raconte Ovide dans les Métamorphoses (IV, v. 55-166), avait été traduite en vers français longtemps avant Machaut[2]. Elle

  1. Roman de la Rose, v. 14170-203.
  2. Voyez Barbazan-Méon, Fabliaux et Contes, IV (1808), 326-54 ; Histoire littéraire de la France, XIX, 765-67. G. Paris, dans La littérature française au moyen age (3e éd.,1905, p. 273), assigne ati poème le troisième tiers du xiie siècle ; M, Grôber, dans le Grundriss der roman. Philologie, (II, i, 503), ne le place guère avant la première moitié du xiiie siècle.