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INTRODUCTION LXXIII


soufferray » ; ou bien il a soin de nous faire savoir que le clerc d′Orléans n′a pas lu à haute voix la lettre qui causa sa folie, lettre qui contenait plusieurs secrets sur lesquels il ne nous renseigne pas ; or, ce sera là un des principaux arguments de ses adversaires et la cause de l′une de ses condamnations. Comme les auteurs dramatiques, Machaut se montre maître consommé dans l′art des préparations. L′unité de composition du poème n′en est que plus solide.

Dans la discussion même, Machaut fait entrer un nouvel élément, inconnu au dit précédent : ce sont les « exemples », c′est-à-dire des récits, empruntés de préférence à la Bible ou à la littérature gréco-romaine, destinés à servir de preuves aux assertions du poète. C′est dans le Dit de l′Alerion que Guillaume en use pour la première fois ; depuis lors, il n′écrira plus de poème où ces exemples n′occupent une place considérable  ; on a vu qu′on les retrouve jusque dans le Prologue. Des poètes contemporains de Machaut nous renseignent sur l′importance qu′on accordait alors à ces récits aussi amusants qu′instructifs, qui, dans les discussions et disputes, étaient des arguments de haute valeur[1]. Machaut tire ses exemples de sources diverses : La plupart en sont empruntées à la mythologie et à l′histoire de l′antiquité. Ge sont les récits suivants :

  1. Voy. par exemple Watriquet de Couvin, dans le Dit de la Noix (v. 3-4) :

    On doit touz jours son sens moustrer
    Par biaux examples demoustrer,


    et Jehan Le Fevre, dans les Lamentations de Matheohis (II, V. 2675-76) :

    Pour ce, qui veult a droit plaidier,
    D′exemples se convient aidier.