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INTRODUCTION LV


y trouve des allégories empruntées au Roman de la Rose et des a exemples » tirés de la Bible ou des auteurs anciens, qui servent à instruire le lecteur et éprouver les assertions de l’auteur ; et c’estle poète lui-même, nommé en toutes lettres, qui occupe le premier plan de l’action et qui nous entretient de ses idées et de ses sentiments personnels. Or, ce sont bien là les trois éléments principaux de la poésie de Machaut : l’allégorie, le récit biblique ou mythologique, et l’attribution du rôle principal à la propre personne du poète en un bizarre mélange de fiction et de réalité. Ainsi, le Prologue suffit déjà à nous faire connaître dans ses grandes lignes le poète et son œuvre.

II. — Le Dit dou Vergier.

Le Prologue datant des dernières années de Machaut, c’est le Dit dou Vergier qui ouvre la série de ses dits. Le poète lui-même, d’après les derniers vers du Prologue, veut que ce dit soit placé entête de ses œuvres, et c’est bien, en effet, une œuvre de jeunesse, sans doute le premier essai littéraire de longue haleine du jeune poète[1]. La place qu’il occupe[2], l’absence de l’anagramme habituel où le poète se nomme[3], l’infériorité

  1. Ce n’était pas l’avis de Tarbé qui dit expressément (l. c., p. xi) : « Le Dit dou Vergier ne nous paraît pas une œuvre de jeunesse ; c’est un second prologue ».
  2. Nous espérons démontrer ailleurs que les dits — et sans doute aussi les poésies lyriques de Machaut — se succèdent dans l’ordre chronologique. Le Dit dou Vergier occupant la première place serait donc le plus ancien des dits du poète.
  3. L’anagramme ne pouvait avoir une raison d’être qu’à partir du moment où le poète avait acquis un certain renom. Il est assez probable que dans son premier poème cette façon de se déclarer l’auteur de la pièce n’a pas dû venir à Guillaume, alors inconnu.