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INTRODUCTION LIII


recueil des poésies de Machaut est précédé de plusieurs pièces en vers, dont l’ensemble forme comme la préface, le Prologue, des œuvres complètes du poète[1]. Ce Prologue comprend quatre ballades et une courte pièce de 184 vers octosyllabiques en rimes plates. Les ballades forment deux groupes : dans le premier, Nature offre à Guillaume ses enfants Scens, Retorique et Musique, afin de lui faciliter son œuvre de poète, et Machaut répond en la remerciant ; dans l’autre, Amours lui présente Dous Penser, Plaisance et Espérance qui lui fourniront la matière de ses chants, et Guillaume remercie encore de cet autre don. Dans la partie en rimes plates, le poète, s’étendant sur la valeur des dons de Nature et d’Amours, en profite pour exposer ses théories littéraires : il énumère les différents genres poétiques qu’il cultive (v. 11-18) ; il prouve que la pratique de la poésie rend l’homme bon et joyeux (v. 26-84) ; il vante les mérites de Musique, citant à l’appui des exemples bibliques et mythologiques (v. 85-146) ; il dénombre les variétés de rimes que lui enseigne Rhétorique (v. 147-158) ; et finalement, pour obéir à Nature et à Amours, et pour plaire aux dames, il annonce qu’il va commencer le Dit dou Vergier. Ces derniers vers paraissent rattacher le Prologue au Dit dou Vergier qui est, comme nous le ferons voir ailleurs, le premier et le plus ancien des dits de Machaut. Dans ce cas, cette introduction aurait été écrite, avant

  1. Tarbé avait déjà donné ce titre de Prologue à l’ensemble de ces premières poésies qui ouvrent l’œuvre de Machaut. Le mot ne se trouve que dans la Table du manuscrit E : Cy fine le prologue. C’est là que nous nous sommes permis de prendre cette désignation aussi exacte que commode qui n’a qu’un défaut, celui de ne pas provenir de Machaut lui-même.