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XXXVI INTRODUCTION


Dit qui se place aux environs de 1364. Comme ici encore l’insécurité des routes due aux violences et aux exactions des « pilleurs » est pour lui une des raisons de ne pas se risquer hors de chez lui, ce fait place la complainte vers la même époque. Sans aller aussi loin que P. Paris qui, dans une note manuscrite (ms. A), adopte franchement la date de 1365, on peut en tout cas considérer la complainte comme écrite à peu près vers le même temps que le Voir Dit. Mais quel est le roi résidant à Paris à qui s’adresse le poète et qu’il veut aller rejoindre en France ? On peut écarter Charles de Navarre, l’un des seigneurs de Guillaume : à cette époque, ses rapports avec la maison de France étaient trop tendus pour permettre de supposer que, dans ce cas, il ait pu faire obtenir un cheval à Machaut par l’entremise du roi de France, seul autorisé à donner des ordres au comte de Tancarville[1]. Mais en France même, on a le choix entre Jean le Bon, revenu d’Angleterre, et son fils qui lui succède en 1364 ; la pièce peut être écrite aussi bien avant qu’après cette date, de sorte que la complainte, malgré les renseignements qu’elle fournit sur la personne du poète et sur ses rapports avec ses seigneurs, nous laisse dans l’incertitude sur le personnage royal dont il déclare ici avoir été le secrétaire. Il n’est pas permis, par conséquent, d’y trouver une preuve sûre des relations de Machaut avec Jean

  1. L’autre supposition de P. Paris, à savoir que la complainte a été adressée au roi de Navarre en 1358, est insoutenable par la raison que le comte de Tancarville était à cette époque avec le roi Jean en. Angleterre d’où il ne revint une première fois que pour peu de temps, au mois de mai 1359, et définitivement avec son maître à la fin de l’année 1360, pour retourner de nouveau avec lui à Londres en janvier 1364.