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46 LE DIT DOU VERGIER


A faire le don de la joie ;[1]
Car puis que li amis ottroie
Cuer et corps tout entièrement
972 Pour faire le commandement
De celle en qui la joie maint,
Et Amours a ce le destraint,
On li puet donner sans mesprendre[2]
976 Et doit la joie, sans attendre.[3]
Mais on la doit celéement
Donner et attempréement,
Quant li lieus et li temps eschiet ;[4]
980 Car cils de s’onneur trop dechiet[5]
Qui par trop folement parler,
Ou par mauvaisement celer,[6]
Ou par sa hastiveté pert[7]
984 La joie et le bien qu’il dessert.

« Après, Loyauté sans demour
Et Celers vers Honte et Paour
Viennent moult debonnairement
988 Et leur dient courtoisement
Qu’il ne font mie bien a point
De tenir l’amant en tel point ;
Car puis qu’il est d’amer espris,
992 Si qu’il n’en vuet estre despris,[8]
Et il a tousjours loiaument
Servi et celé sagement.
On ne doit point paour avoir
996 De faire vers lui son devoir.
Ne ce n’est mie honte aussi,
S’on li donne joie et merci ;
Eins est honneur et grans vertus,[9]

  1. M le bon
  2. A Et ; BD le
  3. AFB doint
  4. KJ li temps et li lieus y chiet
  5. FD cil ; D de souuenir
  6. KJ Trop souuent venir ou aler
  7. sa manque dans F
  8. M Et ; MBDKJ ne
  9. FDEKJ grant.