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LE DIT DOU VERGIER 31


Or met t’entente au retenir,[1]
524 Car je ne t’en quier ja mentir.[2]

« Je te di que celle saiette,
Que je tien, en pluseurs cuers gette.
Mais nuls cuers ateins ne férus
528 N’en sont qui ne soient tenus
Et mis en ma prison joieuse,
Delitable est et gracieuse,
Et qu’amer tous ne les couveingne,
532 Soit tors, soit drois, comment qu’il prengne.
Et comment que li fers tranchans[3]
En soit devers les fins amans,
Si n’est mie le cop mortel,
536 Einsois le tesmoingne pour tel
Que nuls n’en voit la blesseûre ;[4]
On y sent sans plaie pointure[5]
Douce, plaisant a soustenir[6]
540 Et delitable a maintenir ;[7]
Com plus fort point, et plus agrée.
C’est fins déduis, joie esmerée,[8]
Qui vient d’une douceur parfaite
544 Qui tous en déduit les affaite,
Jusques a tant qu’une chaleur,
Qui naist d’une amoureuse ardeur,[9]
De ceste pointure s’engendre
548 Es cuers qui aimment sans mesprendre ;
Car chascun d’euls d’amer esprent[10]
Par Désir qui ce leur aprent.
Et quant Désirs si les a pris[11]

  1. E mes ; BD a
  2. D Car nen quier ja a toy m.
  3. M li cops mortelz
  4. C voie
  5. CE Ou il ; K On en ; J Ou en
  6. BDE D. et p.
  7. KJ Pesant tout amant resioir
  8. A fins désirs ; KJ Cest aus amans j. (K avait fins, corr. en aus)
  9. K odour
  10. C Car saucuns
  11. D qu. dessus ; Kci.