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LE DIT DOU VERGIER 29


Que, puis que ce vient a amer,[1]
Je vueil chascun mon serf clamer,[2]
Quel qu’il soit, soit contes ou rois ;[3]
464 Et se sachiez tant de mes drois[4]
Que tout tel droit a li petis[5]
Comme li haus et li gentils.
Mais cils qui sert plus loiaument,
468 Cils a le milleur paiement.
Et pour cela point ne regarde,
Quant je preng un cuer en ma garde,
S’il est parfais ou non parfais.
472 Mais je te diray que je fais :
Je regarde la grant franchise
Qui en li est mise et assise,
Et comment il vuet sans fausser
476 En moy servir sa vie user ;
Et puis, selonc ce qu’amer vuet,[6]
Soit bas, soit haut mettre l’estuet,[7]
Car raison n’y iert ja gardée,
480 Puis que mise y iert sa pensée.
Lors le m’estuet énamourer
Et puis baillier sans demourer
A ceaus que la voy qui le prennent,[8]
484 Qui dou tout en tout li aprennent
Comment il se doit maintenir,
Puis qu’il vuet a honneur venir.
Et s’il est povres de biauté,
488 Je Tenrichi de loiauté.
De douceur, et li donne grâce
Qui pluseurs biautez veint et passe.
Grâce et douceur, ces deus ensamble,[9]

  1. KJ p. reuient a
  2. D pour serf
  3. F Quelz ; D quil soient ; J soit ou c. ou r.
  4. BDEJ saches
  5. KJ t. tant d.
  6. KJ amours
  7. M mestre
  8. B1DKJ vois
  9. D Grâce doucour.