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parmi les meilleurs poètes et musiciens de l’époque. Gillon le Muisit, dans ses Méditations, nomme parmi ceux qui « or sont vivant biaus dis faisant», en première ligne « de Machau le boin Willaume », en ajoutant que « si fait (= poésies) redolent si que bausme[1] ». Eustache Deschamps, énumérant les grands hommes de sa province natale, la Champagne, cite « Vittry, Machault, de haulte emprise, poètes que Musique ot chier »[2]. Il consacre deux ballades à « la mort Machaut, le noble rethorique » qui était la « fleur des fleurs de toute mélodie », le « très doulz maistre qui tant fu adrois », le « mondain dieu d’armonie », et qui « complains sera de princes et de roys », car « sa chanterie a moult pleü aus grans seigneurs, a dames et bourgois[3] ». Ceci, il l’avait déjà proclamé du vivant même du maître. Il vient de remettre à Louis de Male, comte de Flandre, au nom de l’auteur un exemplaire du Voir Dit, et c’est sous l’impression immédiate de l’accueil fait à l’ouvrage, qu’il envoie à Guillaume ces lignes :

………Tous voz faiz moult honourablement
Chascuns reçoit en maint pais estrange,
Et si n’y a nul, a mon jugement,
Qui en die fors qu’a vostre louenge.
Les grans seigneurs, Guillaume, vous ont chier,
En voz choses prannent esbatement[4].

  1. Édit. Kervyn de Lettenhove, I (1882), 88. La pièce est de 1350 ; Machaut avait alors produit quelques-unes de ses meilleures œuvres et jouissait déjà sans doute d’une réputation considérable.
  2. Œuvres complètes, VIII,178 (Ball. 1474).
  3. Loc. cit., I, 243-46 (Ball. 123 et 124).
  4. Loc. cit., I, 249 (Ball. 127). Ces vers sont postérieurs à l’année 1364 où Machaut termina son poème. Datent-ils réellement, comme le veut M. Gaston Raynaud {Ibid., Xl, 22 et 224) de l’année 1375, ce qui les placerait deux ans avant la mort de