Page:Machaut - Œuvres, éd. Hœpffner, I.djvu/112

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

16 LE DIT DOU VERGIER

Car souvereinne est de biauté,
80 Enrichie de loiauté,[1]
De haute noblesse parée,
De scens, d’onneur enluminée ;
Fine douçour, grâce, pité,[2]
84 Franchise et debonnaireté
Rengnent en li ; bonté l’affine[3]
Et loyal amour la doctrine[4]
Avec raison et courtoisie.
88 Ces trois vertus Tout si norrie[5]
Qu’elle est de trestoute valour[6]
Entre les mieudres la millour ;[7]
De tous est seur toutes prisie,[8]
92 Et c’est drois, que je ne cuit mie[9]
Que Nature qui tout conçoit[10]
Soutieument si soutive soit[11]
Qu’onques figurer la sceûst,[12]
96 Se Dieus proprement n’i eüst
Mis la main a la figurer ;[13]
Car Dieus la volt faire sans per[14]
Seur toute créature humeinne.
100 De toutes bonnes meurs est pleinne,
De dous regart, de simple chiere
Et de gracieuse manière.
Dieus et Nature Font si faite,
104 Car elle est en tous biens parfaite,
Seur toutes plaisant, nette et pure[15]
Fors tant qu’elle est vers moy trop dure,[16]

  1. D Encherie
  2. BDEKJ pitié
  3. K la fine
  4. D En
  5. M Des ; si omis dans D
  6. KJ très douce
  7. A mieudre ; KJ mendres
  8. KJ De t. fais
  9. C car je ; D omet que
  10. E Que créature
  11. FM Soustieument ; CE Soutiuement ; KJ Soutilment ; D Subtilment (de même dans la suite)
  12. B Nonques
  13. D sa main
  14. BDE veult ; C voust ; KJ vost (de même dans la suite)
  15. ME plaisans
  16. BD si dure.