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S’entray ens pour moy déporter,
Pleins d’amoureuse maladie,
20 Et pour oïr la mélodie
Des oisillons qui ens estoient
Qui si très doucement chantoient
Que bouche ne le porroit dire,[1]
24 N’onques homs vivans n’ot tant d’ire
Que, s’il peiist leur chant oïr,
Qu’il ne s’en deiist resjoïr[2]
En son cuer et que sans séjour
28 N’entroubliast toute dolour,
Tant avoit en euls de delis.[3]
Et dessus une flour de lis
Li dous rossignolès estoit[4]
32 Qui renvoisiement chantoit[5]
Et s’efforçoit si de chanter
Que par dessus tout le chanter[6]
Des autres oisillons l’oï,
36 Dont mes cuers moult se resjoï.[7]

Et quant j’eus oï le déduit
Des oisiaus, tous seus, sans conduit,
M’en alay parmi le vergier,
40 Pour ce qu’onques, a droit jugier,
Nul si très bel veii n’avoie ;
Car il n’i avoit lieu ne voie
Qui ne fust semez de flourettes[8]
44 Blanches, jaunes et vermillettes
Ou d’aucune estrange colour.
Si m’abeli tant le demour[9]
Ou vergier par la grant planté[10]

  1. E Que bonté
  2. ABDEKJ Qui
  3. K aroit
  4. D Estoit li doulz roussignolot ; C roussignoulz
  5. K Qui par r. ; J Qui par renuoisement
  6. D tous
  7. E sen ; J me r.
  8. KJ sumez
  9. M li d.
  10. B1 Du.