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et il avouait, du fond du cœur, que c’était la seule dignité à laquelle il pût aspirer. Pieux, sévère dans ses mœurs, minutieux dans l’observance des règles, mais faible, timide, subalterne, il possédait quelques vertus et s’y montrait exemplaire, mais il lui manquait totalement l’énergie pour les inculquer et les imposer à autrui.

De ma tante Emerenciana, sœur de ma mère, je ne dirai rien sinon qu’elle était la seule personne qui exerçât quelque autorité sur moi. Elle avait un caractère à part ; mais elle ne vécut qu’un ou deux ans en notre compagnie. Il n’y a guère d’intérêt non plus à citer des parents et des intimes avec qui nous n’eûmes que des relations intermittentes, coupées par de longues séparations, et avec qui nous ne fîmes jamais vie commune. Ce qui peut être intéressant, c’est l’expression générale de la vie domestique que j’ai ébauchée : vulgarité des caractères, amour des apparences rutilantes et du tapage, faiblesse des volontés, triomphe du caprice, et le reste. De cette terre et de ce fumier, naquit cette fleur.