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je m’en débarrassai un certain dimanche que j’allai entendre la messe à la chapelle de Livramento avec Nha-Lolo et son père. Comme Damasceno habitait aux Cajueiros, je les accompagnais souvent à l’église. La colline n’était pas encore édifiée, sauf le vieux palais du sommet où se trouvait la chapelle. Or, un dimanche, tandis que je descendais la côte avec Nha-Lolo à mon bras, je ne sais par quel miracle, je laissai ici deux années, là quatre, plus loin cinq, de sorte qu’en arrivant en bas, je me trouvai n’avoir plus que vingt-cinq ans et tout l’enthousiasme de cet âge.

Maintenant, si vous désirez savoir comment se produisit ce phénomène, vous n’avez qu’à lire ce chapitre jusqu’à la fin. Nous venions d’entendre la messe. Au beau milieu de la colline, nous rencontrons un groupe d’hommes. Damasceno, qui marchait à côté de nous, comprit de quoi il s’agissait, et se précipita. Nous l’imitâmes. Et voici ce que nous vîmes : des hommes de tout âge, de toutes les couleurs et de toutes les tailles, les uns en manches de chemise, d’autres en jaquette, d’autres enfouis dans des redingotes fripées, en des attitudes diverses,