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quera… D’ailleurs, pour couper court aux racontages, j’amènerai Nhonhô.

Nhonhô était l’unique fruit de son mariage, et à l’âge de cinq ans, il avait été le complice inconscient de nos amours. À l’époque de ma maladie, il était déjà avocat. Ils vinrent tous deux, le surlendemain, et j’avoue qu’en les recevant dans ma chambre, je fus pris d’une timidité qui ne me permit pas de répondre tout de suite aux paroles affectueuses du jeune homme. Virgilia devina ce qui se passait en moi, et lui dit :

— Nhonhô, regarde-moi ce grand enfant gâté ne dit rien pour faire croire qu’il est très malade.

Le jeune homme sourit ; je souris aussi, je crois, et nous plaisantâmes. Virgilia était sereine et souriante, offrant l’aspect des existences immaculées, sans un regard suspect, sans un geste dénonciateur. Son égalité de parole et de caractère dénonçait une domination d’elle-même assez rare, sans doute. Notre conversation glissa par hasard aux amours illégitimes, moitié divulguées, moitié secrètes, d’une personne de notre connaissance, et qui était même son amie,