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XXXV

Le chemin de Damas


Or il arriva que, huit jours plus tard, comme je me trouvais sur le chemin de Damas, j’entendis un voix mystérieuse qui me murmura les paroles de l’Écriture (Act., ix, 7) : « Lève-toi, et entre dans la cité. » Cette voix sortait de moi-même, et avait une origine double : la pitié qui me désarmait devant la candeur de la petite, et la terreur de l’aimer pour de vrai, et de l’épouser. Une femme boiteuse ! Quant au motif de mon départ, elle le devina, et ne se gêna pas pour me le dire. Ce fut sous la véranda, un lundi soir, quand je lui annonçai que je descendrais le lendemain. « Adieu, me dit-elle avec simplicité, vous avez raison. » Et comme je