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XXXIII

Bienheureux ceux qui savent rester


Le malheur, c’est qu’elle était boiteuse. Des yeux si lucides, une bouche si fraîche, un maintien si imposant, et boiteuse ! Ce contraste était un exemple évident des ironies de la nature. Pourquoi était-elle jolie, étant boiteuse ? pourquoi était-elle boiteuse, étant jolie ? Telle était la question que je me posais à moi-même, sans y trouver une solution satisfaisante, tandis que je rentrais chez moi cette nuit-là. Ce qu’il y a de mieux à faire, quand on ne trouve pas le mot d’une énigme, c’est de la flanquer par la fenêtre ; et c’est ce que je fis. Je pris une serviette, et je chassai cet autre papillon, qui faisait ses randonnées dans mon cerveau. Je me sentis plus à