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AU LECTEUR


Que Stendhal confesse avoir écrit ses livres pour une centaine de lecteurs, voilà de quoi s’étonner et s’attrister ; mais qu’importe que ce volume ait les cent lecteurs de Stendhal, ou cinquante, ou même vingt, ou tout simplement dix ! Dix… ou cinq, qui sait ? C’est en vérité une œuvre diffuse, dans laquelle moi, Braz Cubas, j’ai adopté la forme libre d’un Sterne et d’un Xavier de Maistre, en y mettant peut-être une ombre de pessimisme. C’est bien possible : une œuvre de défunt… J’ai plongé ma plume dans une encre faite d’ironie et de mélancolie, et il n’est pas difficile de présumer ce qui peut sortir d’un tel mélange. D’ailleurs les