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En ce moment un aboiement bref et guttural éclata de l’autre côté de la porte.

« Ah ! prononça Schnecker d’une voix sourde, le chien est là, lui aussi ! »

Un silence s’était fait dans la chambre d’Isabelle de Kéralio.

L’Allemand entendit très distinctement les interlocuteurs qui se disaient entre eux :

« Il y a quelqu’un dans le laboratoire ! Assurons-nous-en ! »

Le chimiste comprit ce qu’il y aurait de danger à se laisser surprendre au milieu de cette obscurité. Rapidement il frotta une allumette et l’approcha de sa bougie. Aussi, lorsque Hubert d’Ermont se présenta devant la porte, suivi de ses compagnons et de Salvator, tous portant sur leurs traits les signes d’une vague méfiance, trouva-t-il Schnecker paisiblement occupé à regarder l’intérieur d’un alambic.

« Parbleu ! monsieur Schnecker, s’écria le docteur Servan, bous voilà en train de contracter des gelures du premier degré ! »

Cette réflexion du médecin rappela le chimiste au sens de la situation.

Un frisson le secoua. Il regarda ses mains : elles étaient toutes bleues.

« Quelle imprudence vous avez commise là ! ajouta Servan. Vile, vile, rentrez dans la chambre de Mlle de Kéralio. Deux minutes de plus et vos extrémités seraient perdues. »

Et il le poussa dans la pièce chauffée, où la seule ouverture de la porte avait suffi pour abaisser de 10 degrés la colonne mercurielle.

Quand Schnecker se fut éloigné, les quatre interlocuteurs se regardèrent avec une pénible surprise.