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Or, voici que du fond de ces eaux limpides sortaient maintenant d’étranges apparitions, se mouvaient des formes dignes des plus affreux cauchemars, telles qu’en décrivent les légendes tératologiques.

« Capitaine ! s’écria tout à coup Guerbraz en se signant, voyez donc cette horreur ! »

Hubert et Isabelle se précipitèrent simultanément aux hublots.

Un monstre venait de surgir de l’ombre d’un pilier. Il s’avançait, nageant entre deux eaux à la rencontre du sous-marin. Un corps long de 6 mètres environ et pourvu de nageoires ou plutôt de courtes pattes analogues à celles des cétacés était surmonté d’un cou presque aussi long, que terminait une tête relativement petite, une tête de lézard. Derrière ce spécimen bizarre d’une forme disparue depuis des milliers de siècles, s’en montraient d’autres beaucoup plus grands, tenant le milieu entre la baleine et le crocodile, des bêtes à peau de morse, à prunelles cloisonnées en facettes, à dents de sauriens.

D’Ermont ne put retenir un cri d’effroi en même temps que de surprise.

« Miséricorde ! mais c’est le monde antédiluvien qui ressuscite ! »

Et machinalement il se mit à prononcer des noms en énumérant des espèces.

« Celui-ci, avec son cou de cygne, c’est le plésiosaure ; ceux-là, des ichtyosaures. Là-haut, sur les corniches de rochers, voilà des mégalosaures ; au-dessous de nous, il y a des familles entières de squales géants ; des espadons, des requins, des scies, des marteaux.