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les issues, et, derechef, la Grâce de Dieu s’enfonça sous les eaux.

Seulement, cette fois, c’étaient des eaux douces qu’on allait traverser.

Par bonheur, l’illumination interne de cette grotte féerique, la chaleur épandue par le puissant foyer électrique, rendaient ce voyage moins fatigant et moins périlleux que le premier.

Il ne restait plus qu’une crainte : celle de s’engager dans quelque couloir sans issue, d’aboutir à quelque impasse où l’on serait abandonné par les ondes. Mais d’Ermont s’empressa de rassurer ses compagnons contre ces hypothèses chimériques. La présence de l’air respirable à de telles profondeurs, et même d’une certaine brise tiède, suffisait pour montrer jusqu’à l’évidence qu’un courant d’atmosphère régnait dans ces merveilleux conduits. En outre, leurs dimensions anormales établissaient qu’ils devaient, eux aussi, se vider en partie au moment du renversement du globe.

Les trois amis s’unirent en une prière commune au maître de toutes choses, et, réconfortés par ce recours au pouvoir divin, s’engagèrent résolument dans les tunnels souterrains.

Mais, cette fois, à la surprise émerveillée qui les possédait, venait se joindre un sentiment d’épouvante légitimé par la rencontre de choses totalement imprévues.

Jusque-là, en effet, les navigateurs n’avaient eu affaire qu’aux résistances de l’océan, aux mystérieuses concordances de l’ombre et des fantômes qui la peuplent. Cette lutte contre l’inanimé avait ses menaces sans doute, et le sous-marin les avait toutes affrontées ou subies déjà. Mais on n’y trouvait pas cette intervention de l’extraordinaire et du surnaturel qui tient tant de place dans la vie des hommes de mer.