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Avant de descendre, Hubert avait vérifié ces tubes et avait pu constater avec joie qu’aucun d’eux n’avait, subi l’attentat dont M. de Kéralio avait si formellement indiqué la nature.

L’heure choisie pour le départ était celle de midi. Au moment précis, les récipients d’eau du sous-marin s’emplirent avec leur glouglou révélateur, et le bateau s’enfonça progressivement sous les flots.

Si limpides étaient les couches de la mer polaire, que, pendant plus de cinq minutes, les spectateurs de la scène purent suivre la Grâce de Dieu dans sa descente sous le niveau de l’océan.

Parvenu sans encombre à cinq cents mètres de profondeur, le bateau remonta immédiatement à la surface. On pouvait traverser au grand jour et au grand air toute la zone de l’océan faisant ceinture au Pôle, et il était inutile de dépenser en pure perte le précieux gaz avant d’avoir atteint la corniche de granit supportant la banquise.

Le sous-marin, pourvu d’une vitesse de douze nœuds, n’usa donc pendant cette traversée de trois heures que de ses voiles de fortune et de ses longs avirons. Arrivé au bord même de la roche, après l’avoir soigneusement étudiée dans toutes les directions, Hubert décida de remonter de quelques secondes dans l’est. La nature des assises du sol lui semblait établir en effet que dans cette direction, il trouverait plus aisément les conduits souterrains dont M. de Kéralio lui avait révélé la présence.

À deux heures et demie, la Grâce de Dieu s’immergea de nouveau.

Elle le fit prudemment, lentement, sans cesser d’observer la muraille qui lui barrait la route du Pôle.