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« C’est le gaz qui fuit », prononça Gaudoux à l’oreille de son compagnon.

Celui-ci l’avait saisi par le bras, et, parlant dans un souffle :

« As-tu entendu ? » demanda-t-il.

S’il avait entendu ?… Jamais l’oreille de Gaudoux n’avait été plus vivement impressionnée.

« Oui, répondit-il, on remue des caisses de métal. »

Derechef le bruit se répéta.

Quelqu’un ou quelque chose se mouvait à l’avant du navire, au milieu d’objets de fer, car les résonances ne laissaient aucun doute à ce sujet.

Gaudoux chercha des allumettes dans sa poche. La main de son compagnon le saisit à l’improviste :

« Tu veux donc nous faire sauter ? » prononça-t-il à voix basse, mais-avec énergie.

Gaudoux comprit. Aussi bien une constriction de la gorge un froid grandissant aurait-il dû l’avertir. La cale, malgré ses ouvertures, se saturait rapidement d’un fluide délétère.

Alors, sans ajouter une parole, les deux compagnons, se couvrant la bouche de leurs mouchoirs, ne gardèrent plus aucune précaution. Dégringolant du faîte des ballots et des bagages, ils atteignirent au plus vite l’avant. Leurs yeux, habitués à l’obscurité, aperçurent une silhouette qui cherchait à se dérober. Cette fois, très sûrs d’avoir affaire à un homme, et non à un esprit, les deux matelots coururent sus au mystérieux et dangereux investigateur.

Tandis que Gaudoux, comprenant la gravité de la situation, parvenait à tâtons jusqu’à celui des tubes d’où s’échappait le gaz, et le fermait en tournant l’écrou, opération qui, par la cessation du bruit, lui indiqua qu’un seul des tubes avait été