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ta dirait que ce qu’ils dissèquent, pèsent, analysent et décrivent n’est pas l’âme, dans le sens où il entend ce mot, ce n’est pas le sujet, ce n’est pas le soi, dans le sens le plus élevé du mot. Ce qu’ils appellent perception, mémoire, conception, ce qu’ils appellent volonté et effort, tout cela, selon le védantiste, est en dehors du soi, et même dans ses plus parfaites et sublimes manifestations n’est que le voile au travers duquel le soi éternel regarde le monde. Du soi caché derrière le voile, nous ne pouvons rien savoir si ce n’est qu’il est, et cela également nous le savons d’une manière différente de toute autre connaissance. Nous le savons parce que nous le sommes, de même que l’on peut dire que le soleil brille de sa propre lumière et que par elle il éclaire l’univers.

La doctrine qui se rapproche le plus de celle de Sankara concernant le sujet et l’objet, est, je crois, celle de la volonté (wille) et de la représentation (vorstellung) de Schopenhauer : sa volonté correspond à Bráhman, sujet du monde, unique réalité,