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plaisirs, dit-il, dans ce corps dégoûtant et sans substance — qui n’est qu’un amas d’os, de peau, de muscles, de moelle, de chair, de semence, de sang, de mucosités, de larmes, de flegmes, d’ordure, d’eau, de bile et de glaires ? À quoi bon jouir des plaisirs dans ce corps qui est assailli par la luxure, la haine, la gourmandise, l’illusion, la crainte, l’angoisse, la jalousie, la séparation de ce que nous aimons, l’union avec ce que nous n’aimons pas, la faim, la soif, la vieillesse, la mort, la maladie, la souffrance et d’autres maux ? Nous voyons que tout est périssable, comme les insectes, comme les herbes et les arbres qui croissent et dépérissent. Des rois puissants, habiles à l’arc — suit une longue liste de noms, — ont, sous les yeux de toute leur famille, abandonné leur bonheur suprême et ont passé de ce monde dans l’autre. De grands océans se sont desséchés, des montagnes sont tombées, l’étoile polaire elle-même se déplace[1] les cordes qui retien-

  1. C’est sans doute la plus ancienne mention de la précession des équinoxes.