Page:Müller - Introduction à la philosophie védanta.djvu/51

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

appel aux Soutras comme à l’autorité suprême.

Le trait le plus extraordinaire de cette philosophie védanta consiste, ainsi que je l’ai déjà fait observer, en ce qu’il est un système de philosophie indépendant, quoique dépendant entièrement des Oupanishads, qui font partie du Véda, bien plus que sa principale occupation est de prouver que toutes ses doctrines, jusqu’aux points les plus minimes, sont dérivées des doctrines révélées des Oupanishads, correctement comprises, qu’elles sont en parfaite harmonie avec la révélation et qu’il n’existe aucune contradiction entre les différents Oupanishads eux-mêmes.

    Védauta-soutras font violence au texte. Ainsi au chapitre I, 15, le texte des Soutras est : Vikâra-Sabdân na itiken na prâhuryât. Cela veut indiquer que le suffixe mâya dans le mot ânandamaya n’implique pas nécessairement l’idée de changement ou de degré, qui ne serait pas applicable à Brahman, mais qu’il implique l’idée d’abondance (prâkurya). Or Vallabha explique prâkuryât non comme un ablatif, mais comme un composé prâkuryaat, c’est-à-dire allant vers ou atteignant l’abondance, parce que ce monde matériel lui-même est Brahman, qui a atteint la condition d’abondance (Shaddarsana-kintanika III, p. 39).