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DE TIFLIS À ERIVAN

de celle-ci[1] reste, jusqu’à la station de Karavanseraï, de nature volcanique. Sur les premiers mamelons l’herbe est desséchée, mais un peu plus loin la montagne est bien boisée et le paysage rappelle assez celui de nos pays. Le temps est couvert.

À la barrière du péage — car sur toutes les routes entretenues il y a des droits à payer — l’employé veut nous voler d’un rouble ; c’est dans les mœurs !

Nous enlevons assez lestement les 40 verstes d’Akstafa à Karavanseraï, et dînons à cette station sans trop nous presser. Il ne nous restait qu’un relais entre Karavanseraï et Délidjan, et nous pensions arriver promptement au but ; mais au relais de Tarstschaïsk, suivant la règle, pas de chevaux ! Nous nous en consolons en battant les buissons.

Depuis Karavanseraï le pays est devenu plus sauvage et la vallée plus étroite ; la végétation semble surtout composée d’ormes sur les bords de la rivière, tandis que sur les flancs de la montagne croissent des thuyas. Dans la Colombie britannique cet arbre est un des rois de la forêt ; ici il semble croître lentement ; il est étiolé et son tronc déchiqueté attriste le paysage. C’est le premier conifère que nous rencontrions dans le Caucase.

Entre les deux premiers relais de la journée nous avions vu, perchés sur les fils de l’Indo-European-Telegraph[2], quantité de charmants oiseaux aux reflets vert-émeraude, ils ont maintenant disparu ; quant à l’Indo-European, il sera notre inséparable com-

  1. Dubois de Montpéreux, iii, 285.

    Pour la géologie d’Akstafa à Erivan, voir une étude assez détaillée du même auteur, Atlas, série v, planche 6. Texte, iii, 285 et suivantes, ainsi que la table analytique à la fin de l’ouvrage.

  2. L’Indo-European-Telegraph est une entreprise entièrement anglaise ; le télégraphe est sous-marin de Karratchi au Golfe Persique ; de là il passe par Schiraz, Ispahan, Téhéran, Tébriz, Djoulfa, Nakhitchévan, Erivan, Tiflis, Soukhoum-kaleh, Yékatérinadar, Kertch, etc. Cette ligne est très bien construite et admirablement entretenue ; les poteaux sont en fer et les moindres efforts de flexion latérale sont prévus et conjurés. La ligne télégraphique russe qui lui est parallèle fait assez pauvre figure. L’Indo-European accepte, dit-on, des dépêches pour l’Europe à Tébriz ; mais en Russie il n’en prend point.