Page:Müller-Simonis - Du Caucase au Golfe Persique.pdf/695

Cette page a été validée par deux contributeurs.
569
DE L’ARMÉNIE

cette traduction et conservé ses expressions. Nous ne nous en sommes écartés que lorsque nous avons dû condenser en quelques lignes des pages où l’auteur était visiblement plus préoccupé de montrer son habileté littéraire que sa science historique.


Moïse de Khorène fait commencer l’histoire de l’Arménie avec Haïg, fils de Taglat (= Thorgom), fils de Sirat (= Thiras), fils de Mérod (= Gomer), fils de Japhétos ou Japhet.

Haïg donc vivait à Babylone avec son fils Arménag ; fatigué du despotisme de Bel, roi de Babylone, il s’en va en la terre d’Ararat, aux contrées du Nord, avec ses fils, ses filles, les fils de ses fils, hommes vigoureux au nombre de trois cents environ, avec les fils de ses serviteurs, les étrangers attachés à lui, et tout son train. Il s’établit au pied d’une montagne où quelques-uns des hommes précédemment dispersés s’étaient arrêtés et établis. Haïg les soumet à ses lois ; bâtit des établissements sur cette terre qu’il donne en héritage à Gatmos, fils d’Arménag. Puis il s’en va avec le reste de sa suite au Nord-Ouest, et s’établit sur une plaine élevée qu’il nomme Hark (Pères), ce qui veut dire : Ici habitèrent les Pères de la race de Thorgom ; et bâtit une ville qu’il appelle Haïgaschên (construit par Haïg).

Cependant Bel, ayant affermi sur tous sa domination, envoie des messagers à Haïg pour l’engager à se soumettre à lui et à vivre en paix : « Tu t’es fixé, lui disait-il, au milieu des glaces et des frimas ; réchauffe, adoucis l’âpreté glaciale de ton caractère hautain, et, soumis à mon autorité, vis tranquille, là où il te plaît, sur toute la terre de mon empire. » Mais Haïg renvoya avec dédain les messagers à Babylone. Alors Bélus, rassemblant ses forces, marcha au Nord avec une nombreuse infanterie, contre Haïg, et arriva au pays d’Ararat, non loin de l’habitation de Gatmos. Celui-ci s’enfuit vers Haïg, envoyant en avant de rapides coureurs : « Sache », dit Gatmos, « ô le plus grand des héros, que Bélus vient fondre sur toi avec ses braves immortels, ses guerriers à la taille élevée et ses géants. » En apprenant qu’ils approchaient de mon domaine, j’ai pris la fuite. Me voici, j’arrive en toute hâte, avise sans plus tarder à ce que tu dois faire. »

Haïg aussitôt rassemble sa petite mais vaillante armée et se porte au devant de Bélus. Arrivé sur les bords du lac de Van, il s’arrête un instant pour adresser à ses soldats une harangue aussi brève qu’éner-