Page:Müller-Simonis - Du Caucase au Golfe Persique.pdf/67

Cette page a été validée par deux contributeurs.
39
TIFLIS ET SES ENVIRONS

leurs femmes ; aussi l’immoralité est-elle fort grande et le tripot à l’ordre du jour.

Le nom géorgien de Tiflis, Tphilis ou Tphilis-Kalaki, signifie ville chaude ; ce nom lui vient sans doute de ses sources thermales, mais Tiflis mériterait déjà d’être appelée ainsi par les chaleurs qu’il y fait parfois en été. Nous n’eûmes heureusement pas trop à en souffrir ; mais dans un terrain absolument nu, entouré d’un cirque de montagnes schisteuses, la chaleur se concentre, et parfois la température s’élève à 41° centigrades à l’ombre[1]. Pendant les mois de Juillet, Août et Septembre le thermomètre oscille longtemps entre 28° et 35°. L’hiver et le printemps y sont, dit-on, assez agréables. Le vent du Nord-Ouest y est très violent et, comme il chasse devant lui des nuages de poussière qui s’insinuent partout, très redouté ; les secousses de tremblements de terre n’y sont pas rares[2].

Comme Tiflis est la dernière ville où nous pourrons trouver les ressources européennes, il faut tout prévoir et acheter encore quelques objets indispensables. Nous sommes ainsi amenés à faire plus ample connaissance avec le Bazar. Il n’est pas aussi étroitement groupé que dans la plupart des villes d’Orient, ce qui lui enlève son cachet. On y trouve de fort beaux ouvrages en niellure ; cette industrie qui emploie d’ailleurs les procédés les plus primitifs, est une des plus développées du pays ; elle est vraiment une industrie nationale.[3].

Non loin du Bazar sont les bains chauds de Tiflis. Ils sont très fréquentés ; leur température varie de 43° à 46° centigrades. Comme pour les bains on emploie l’eau au sortir même des

  1. La chaleur de Tiflis étant sèche est cependant supportable. J’ai voyagé en Arizona par des températures sèches de 45° à l’ombre, qui me faisaient beaucoup moins souffrir que 28°–30°, accompagnés d’humidité à Philadelphie.
  2. Dubois de Montpéreux, III, 267 et suiv.
  3. Buchan Telfer, Crimea and Transcaucasia, I, 153, indique très bien les procédés employés par les nielleurs géorgiens : le dessin est gravé profondément sur la plaque d’argent ; l’on remplit les creux de la gravure d’un composé d’argent, de cuivre et d’une légère proportion de plomb. La plaque, passée au feu, est ensuite frottée au borax ; on la remet quelques instants au four, puis on la laisse refroidir doucement et on la polit ensuite.