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HISTOIRE DE L’ARMÉNIE

Le lecteur est peut-être déjà étonné. Il s’attendait probablement à trouver le nom d’Urardhu au lieu de celui de Biaïna ; car les textes assyriens nous ont déjà fait entendre que tel était le nom du principal royaume de l’Arménie. Serait-il donc possible que l’Urardhu, qui pendant si longtemps a tenu l’Assyrie en échec, ne nous ait laissé aucun monument de sa grandeur ? Serait-il donc possible que ce royaume de Biaïna, dont les armées semblent avoir sillonné toute l’Arménie, ne se soit jamais trouvé en conflit avec les Assyriens, que son nom n’ait jamais été mentionné dans les annales des rois de Ninive ?

Il y a là une vraie difficulté, qui persistera encore quand nous aurons dit que l’Urardhu n’est autre que le Biaïna, ainsi qu’on le verra dans la suite, par la coïncidence des noms royaux cités par les Assyriens avec ceux que nous lisons dans les inscriptions arméniaques.

On s’étonnera toujours de ce que les rois de Ninive aient donné à l’Arménie un nom que les rois de celle-ci semblent n’avoir même pas connu. Je le répète, il y avait là une difficulté capable d’arrêter tout savant moins perspicace et moins ingénieux que Mr Sayce.

Mais celui-ci est arrivé à prouver plus ou moins irréfragablement que le nom d’Urardhu était connu des Assyriens bien avant qu’ils eussent été en contact immédiat avec l’Arménie et que pour cette raison, ils ont continué à l’employer. Quant au nom de Biaïna, ils ne l’ont nullement ignoré, ils l’ont même souvent employé, quoiqu’avec une acception un peu différente de celle qu’il avait chez les Arméniens, et sous une forme quelque peu modifiée.

Suivons un instant Mr Sayce dans la voie qui l’a conduit à cette double découverte.

Le nom d’Urardhu n’est pas d’origine iranienne ou même aryenne comme M. Fr. Lenormant le supposait. Ce n’est pas le Hara-haraithi que ce savant regardait comme sa forme primitive. Les inscriptions cunéiformes de Babylone nous parlent déjà de