Page:Müller-Simonis - Du Caucase au Golfe Persique.pdf/635

Cette page a été validée par deux contributeurs.
509
DES ASSYRIENS ET DES ARMÉNIENS

avait été vaincu en Asie Mineure, le Sarduris II des inscriptions vanniques.

Le coup fut fatal à l’Arménie, pour un temps au moins. Téglath-Phalasar ne fut plus inquiété de ce côté, non plus que son successeur Salmanasar V[1] (727–722).

L’Arménie semble pourtant s’être relevée assez rapidement, car en 719, un an ou deux après la chute du royaume d’Israël, nous voyons Ursa, roi d’Urardhu, s’allier avec deux rois d’Asie Mineure pour disputer à Sargon (722–705) la possession des provinces situées au Nord-Ouest de l’Assyrie.

Battu une première fois, il ne se tient pas pour vaincu ; ce qu’il ne peut obtenir par la force, il le demandera à l’astuce et à la diplomatie. Il fomente chez les vassaux du roi d’Assyrie, ses voisins, une révolte qui éclate deux ans plus tard dans toutes les provinces du Nord-Ouest, à la fois. Il fallut à Sargon toute son indomptable énergie et tout son talent militaire pour ramener, les uns après les autres, à son obéissance, tous ces roitelets retranchés dans des montagnes inaccessibles. Il y réussit pourtant, et en 714, après avoir vaincu celui qu’il croyait être le dernier de ses adversaires, il peut enfin se mesurer avec le roi d’Urardhu lui-même, l’astucieux Ursa, l’âme de la rébellion. Il l’attaque, le met en déroute, s’empare de toute sa maison et de toute sa cavalerie, emporte forteresse sur forteresse, met tout à feu et à sang. Il croyait avoir fini ; mais Ursa avait encore un allié qui, jusque-là, s’était tenu à l’écart. C’était Urzana, roi de Muzazir, un de ses parents. Comment celui-ci, si prudent jusque-là, put-il se laisser entraîner à épouser une cause perdue d’avance ? L’histoire ne le dit point. Peut-être se fiait-il aux défenses naturelles de son petit royaume, perché comme un nid d’aigle dans des montagnes presque inaccessibles ; peut-être aussi se contenta-t-il de donner un asile à son parent vaincu et fugitif ! cela seul était aux yeux du vainqueur une insulte et une provocation. Toujours

  1. Salmanasar IV, suivant M. Thiele.